Le
cycle de la maladie définit les quatre stades classiques:
Incubation, Invasion, Eruption
et Desquamation.
1°
- Incubation
La période
d’incubation est cliniquemet muette et dure entre dix et onze jours.
2° - Invasion
Elle
dure trois à quatre jours et commence par un malaise général
avec une température variable (38° à 40°).
Elle est caractérisée par un catarrhe oculo-respiratoire
(conjonctivite, rhinite, toux) accompagné de signes digestifs (anorexie,
vomissements, douleurs abdominales, diarrhée) et parfois de signes
nerveux (troubles du sommeil et du comportement, convulsions).
Il peut exister déjà une petite éruption discrète
et fugace, des ganglions diffus et une splénomégalie.
Durant cette
phase, il existe un signe pathognomonique de la maladie, le signe
de Köplik.
Il apparait vers la trente-sixième heure et persiste jusqu’au début
de l’éruption. Il s’agit d’un semi de minuscules tâches blanc-bleuâtres
reposant sur un fond érythémateux, et se situe à la
face interne des joues en regard des prémolaires. Un purpura du
voile peut y être associé.
3° - Eruption:
Elle
survient quatorze jours après le contact contagieux.
Le premier
jour, l’éruption est discrète, limitée à
la tête. On
la trouve à la lisière du cuir chevelu, derrière les
oreilles, et au pourtour de la bouche.
Le deuxième
jour, elle s’étend au cou, aux épaules, au thorax
et aux membres supérieurs.
Le troisème
jour, elle
gagne l’abdomen et les cuisses.
Le quatrième
jour, elle se généralise. Ce schéma peut aller
de trois à six jours.
Cette
éruption est fomée de maculopapules en relief, s’effaçant
à la pression, de contours irrégulier, isolées ou
en amas, mais laissant toujours des intervals de peau saine.
A cette
phase, le faciès du rougeoleux est caractéristique,
surtout au deuxième et au troisième jour de l’éruption.
Le visage est:
. bouffi,
. tacheté
de rouge,
. les paupières
gonflées,
. les yeux larmoyants
et rouges, photophobiques,
. le nez coule.
La
fièvre, les signes respiratoires (toux, dyspnée), la conjonctivite
et l’éruption buccale diminuent progressivement, alors que dans
certains cas, il peut y avoir une recrudescence des signe respiratoires
et nerveux( cf Complications).
4° - Desquamation
Cette
dernière phase de la forme clinique non compliquée correspond
à la convalescence. La desquamation est fine, furfuracée,
et peut laisser place à des taches bistres aux emplacements de macules.
L’enfant
est plus ou moins amaigri, abattu et sans appétit pendant encore
plusieurs jours.
Il
est impératif que l’enfant soit examiné par un médecin
au début de la maladie,
et qu’il soit revu quelques jours plus tard afin de s’assurer de l’absence
de complication.

Les
complications sont nombreuses, fréquentes et surviennent au décours
de l’éruption. Elles sont essentiellement de deux ordres: respiratoires
et nerveuses.
1° - Les
surinfections respiratoires
Les
voies respiratoires supérieures
La rhinite
purulente, la pharyngite sont banales mais peuvent se compliquer
d’une otite moyenne plus ou moins aiguë que le médecin
doit rechercher systématiquement.
La laryngite
tardive de surinfection pouvant être grave et asphyxiante, est à
opposer à la laryngite striduleuse précoce et bénigne
due au seul virus.
Les voies
respiratoires inférieures
La bronchite
de surinfection est à soupçonner devant la persistance de
la fièvre.
Les broncho-pneumopathies
aiguës sont les plus redoutables des surinfections respiratoires.
De début brutal ou progressif, elle se manifestent bruyamment par
une dyspnée importante, de la toux, parfois une cyanose (aspect
bleuté des téguments lorsqu'il existe des troubles dans l'oxygénation
au niveau des poumons), une hépatomégalie (augmentation
de la tailla du foie), une fièvre élevée et
une altération plus ou moins profonde de l’état général.
A coté
des surinfections bactériennes, le virus de la rougeole (virus morbilleux)
peut être responsable de troubles de la ventilation pulmonaire
diagnosticables sur la radiographie, et pouvant avoir des conséquences
plus ou moins graves (obstruction bronchiques, pneumothorax, emphysème
pulmonaire).
2° - Les
Complications Neurologiques
Elle
peuvent atteindre la fréquence d’un cas sur mille, et sont variées:
à coté de complications infectieuses (méningite, abcès),
vasculaires (thrombophlébites, artérites), métaboliques(
déshydratation aiguë), la plus grave est l’encéphalomyélite
aiguë morbilleuse proprement dite.
Elle
survient autours du quatrième ou cinquième jours, parfois
plus tard, rarement pus tôt. Elle commence brutalement par des convulsions,
avec des signes neurologiques divers et variables. La gravité elle-même
est variable également.
Après
un période assez longue, elle guérit complètement
dans plus de la moitié des cas. Elle est mortelle dans dix à
quinze pour cent des cas, et laisse des séquelles essentiellement
psychiques dans vingt à cinquante pour cent des cas.
Curieusement,
la panencéphalite sub-aiguë sclérosante peut
apparaître après un intervalle libre de plusieurs années,
et est constamment mortelle.
D’autre
complications peuvent se voir dans les pays sous-développés,
telles que kératite, déshydratation, syndrome douloureux
abdominal pseudo-chirurgical, myocardite etc ...
Il
existe plusieurs formes cliniques:
-
La forme maligne est précocement fatale, et survient tôt
dans l’évolution de la maladie (invasion ou début de l’éruption).
Elle peut prendre un aspect neurologique, respiratoire, hématologique
ou hémodynamique, selon l’intensité des signes prédominants.
- La
forme frustre se voit après administration de gamma-globulines,
après une vaccination, ou chez un nourrisson de quatre à
six mois, partiellement protégé par les anticorps maternels.
- Chez
la femme enceinte, la rougeole peut être sévère
et parfois responsable d’accidents obstétricaux.
- Les
associations rougeole-coqueluche et rougeole-tuberculose
sont connues, et se caractérisent par une aggravation, pour la première
des signes respiratoires et de leurs complications, et pour la seconde
de son évolutivité.

L’isolement
est de rigueur, et il n’y a pas de raison de le prolonger au delà
de la période éruptive. C’est une maladie à déclaration
est obligatoire en France sous le numéro 5.
L’hospitalisation
est à réserver à la présence de complications,
ou pour des enfants porteurs de pathologies aggravantes ou particulièrement
fragiles.
Le
traitement est essentiellement symptomatique.
- traitement
des poussées fébriles par des antipyrétiques ( paracétamol,
salicylés, ibuprofène ...)
- traitement
de la toux par des antitussifs,
- traitement
préventif des convulsions hyperthermiques par du gardénal
Dans
le pays occidentaux, il est d’usage de proposer de façon quasi systématique
un antibiotique. Sans effet sur le virus morbilleux lui même, il
aura pour fonction la prévention des surinfections bactériennes
fréquentes (en particulier envers les staphylocoques).
Le
traitement des complications se fera en milieu hospitalier, et fera appel
aux traitements spécifiques les plus appropriés: corticoïdes,
oxygénothérapie, gestes chirurgicaux localisés ...).
A
côté de ce traitement symptomatique,
il arrive d’utiliser la séroprévention
par les gammaglobulines. Comme tous les dérivés du sang,
elles répondent à des règles extrêmement précises
de délivrance et d’utilisation.

La
vaccination contre la rougeole n’est pas légalement obligatoire,
cependant elle est très vivement recommandée et fait
partie du calendrier
de vaccination de l’enfant.
Il
y a quelques années, elle se faisait seule ou associée à
la vaccination contre rubéole. Actuellement, un vaccin triple
associé permet de prémunir les enfants contre la rougeole,
la rubéole et les oreillons.
Il
se fait à l’issue de la première
année du nourrisson, et nécessite
un rappel vers l’âge de six ans.
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